POSTED BY 60milliongirls | Juin, 02, 2020 |

10 questions sur l’éducation qui devraient être sur votre radar pendant la pandémie COVID-19

La pandémie du coronavirus aura un impact significatif sur les apprentissages, et cela pourrait se prolonger même après la réouverture des écoles. De nombreux pays sont passés à une forme d’enseignement à distance, mais même dans ce cas, les fermetures d’écoles ont provoqué une grande perturbation en éducation, en particulier pour les enfants dont la situation rend plus difficile l’apprentissage à domicile.

Même avant l’assaut de la COVID-19, de nombreux enfants avaient du mal à apprendre. Selon les estimations, la plupart des enfants d’Afrique subsaharienne connaissent la pauvreté en matière d’apprentissage et sont en dessous du niveau scolaire en lecture et en mathématiques. Et maintenant, il prévisible de croire que l’éducation de tous les enfants risque d’être encore plus compromise.  Comme nous essayons de trouver un côté positif au milieu de ce chaos, cette crise pourrait-elle ouvrir la voie à un enseignement de meilleure qualité à l’avenir?

Crédit photo : Josiane Farand, Guatemala, septembre 2019

Voici 10 questions sur l’éducation à suivre tout au long de la pandémie COVID-19

 1. Les fermetures d’écoles ont le plus grand impact sur les élèves les plus pauvres.

 La COVID-19 entrave l’apprentissage des enfants tant dans les pays riches que dans les pays à faible revenu. Mais ce sont les enfants des familles les plus pauvres qui font face aux plus grands obstacles : un accès plus limité aux outils d’apprentissage à distance, un environnement familial moins propice à l’étude dans le calme et des parents qui peuvent ne pas avoir le temps ou les compétences nécessaires pour aider à la réalisation des travaux scolaires. Les données sur les ressources d’apprentissage à domicile le confirment. Aux États-Unis, seuls 54 % des familles dont les revenus sont inférieurs à 30 000 $ US disposent d’un ordinateur, 36 % d’une tablette et 56 % d’une connexion à large bande. Au total, cela se traduit par un nombre élevé d’adolescents et d’enfants issus de familles à faibles revenus qui ont du mal à faire leurs devoirs à la maison. En même temps, juste un peu plus d’un cinquième de tous les ménages d’Afrique subsaharienne ont accès à l’Internet. Même lorsque les gouvernements déploient des cours par le biais de plates-formes alternatives comme la radio et la télévision, la Brookings Institution laisse entendre qu’en général les enfants des pays à faible revenu auront probablement moins de possibilités d’apprentissage (voir graphique, disponible en anglais seulement).

2. La crise COVID-19 augmentera les inégalités, car les enfants pauvres se battent tandis que les enfants plus riches continuent à apprendre.

 Alors que les enfants des groupes à faibles revenus se battent pour obtenir du matériel scolaire, leurs pairs plus riches se débrouillent avec des ressources en ligne, aidés par des parents eux-mêmes éduqués. Au début de l’année, avant la COVID-19, un rapport de la Brookings Institution a démontré que la richesse des familles est importante en matière de réussite scolaire et constitue un facteur clé pour expliquer l’écart d’apprentissage entre les enfants des familles pauvres et ceux des familles riches aux États-Unis.

3. L’équité dans l’éducation suggère que l’apprentissage à distance ne devrait être disponible que si tous les étudiants en bénéficient.

 Il est évident que tous les élèves n’auront pas accès à l’apprentissage en ligne ou à d’autres formes d’enseignement à distance. Mais cela signifie-t-il qu’il ne devrait être proposé à personne avant que tout le monde puisse y avoir accès? Ce blogue du rapport GEM explique que l’éducation ne devrait pas « faire de mal » en augmentant les inégalités, comme cela se produira certainement si seulement certaines parties de la société continuent à apprendre pendant les fermetures d’écoles dues à la COVID-19. Il est évident que, pour garantir l’équité dans l’éducation pendant cette crise, les groupes plus exposés au risque d’exclusion, tels que les pauvres, les filles et les personnes handicapées, auront besoin de plus de soutien.

4. Les jeunes apprenants auront davantage de difficultés avec les plateformes à distance.

 La lecture est la compétence la plus importante apprise dans les premières années d’études. Si les enfants ne savent pas lire avant la troisième année lorsque l’éducation passe de « l’apprentissage de la lecture à la lecture pour apprendre », ils continueront à avoir des difficultés et seront plus susceptibles d’abandonner l’école secondaire. Dans un environnement d’apprentissage à distance, il est plus difficile de répondre aux besoins spécifiques des jeunes enfants. Cependant, les gouvernements peuvent prendre certaines mesures pour s’assurer que ces enfants ne soient pas laissés pour compte.

5. Les filles risquent davantage d’abandonner l’école.

 La crise du virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014-16, qui a entraîné la fermeture d’écoles pendant huit mois, a démontré que les filles paient un lourd tribut lors d’une pandémie. Non seulement les filles ont moins de chances de retourner à l’école une fois la crise passée, mais elles courent aussi un plus grand risque de violence lorsqu’elles sont confinées à la maison. Dans certaines régions de la Sierra Leone, les grossesses chez les adolescentes ont augmenté de 65 % pendant l’épidémie d’Ebola, souvent à la suite de viols. D’autres filles, qui n’ont pas été scolarisées pendant de longues périodes, ont été mariées sans avoir la possibilité de terminer leurs études. Sur la base des taux d’abandon scolaire suite à l’Ebola, le Fonds Malala estime que 10 millions de lycéennes pourraient ne jamais retourner à l’école après la pandémie COVID-19, même si cela ne présente aucun danger.

Crédit photo : Josiane Farand, Réserve de la biosphère de Bosawas, Nicaragua, septembre 2019

6. Le marasme de l’été pourrait se transformer en un glissement COVID.

 Pendant une longue pause estivale, les enfants peuvent oublier plus d’un quart des compétences en mathématiques et en lecture acquises l’année précédente. Aujourd’hui, étant donné que les écoles restent fermées pendant des périodes encore plus longues, les pertes d’apprentissage augmenteront, en particulier pour ceux et celles qui n’ont pas accès à des ressources éducatives de qualité à distance.

7. L’impact à long terme de la perte d’apprentissage peut avoir des répercussions tout au long de la vie.

 Nous savons que l’éducation est essentielle pour mettre fin à la pauvreté. L’éducation mène à une augmentation des revenus, en particulier pour les femmes, et offre davantage de possibilités. Étant donné que la COVID-19 perturbe l’accès à une éducation de qualité, il existe une réelle possibilité que de nombreux enfants, touchés aujourd’hui par ce fléau, subissent une perte de revenus plus tard dans leur vie.

8. Les plateformes d’apprentissage à distance non Internet peuvent permettre aux enfants de continuer à apprendre.

 Pour maintenir l’intérêt des enfants lorsque les familles ne disposent pas d’une connexion Internet, de nombreux gouvernements déploient différentes plates-formes d’apprentissage. Le gouvernement de la Sierra Leone a utilisé l’apprentissage par radio pendant toute la durée de la crise Ebola en 2016 – avec des résultats largement positifs, selon le Partenariat mondial pour l’éducation. Écoutez le témoignage (ci-dessous) de War Child Canada, une organisation qui, depuis longtemps, défend l’apprentissage par radio pour les filles défavorisées en République démocratique du Congo. En outre, 60 millions de filles est depuis longtemps partisane de l’apprentissage hors ligne grâce à notre laboratoire d’apprentissage mobile (LAM). Le LAM est actuellement mis en place dans plus de 20 pays et nous explorons d’autres moyens de le déployer tout en assurant la distanciation sociale.

9. L’apprentissage à la maison est plus difficile lorsqu’il y a un « déficit parental ».

 Un mouvement à grande échelle vers l’enseignement à domicile fonctionne pour les enfants dont les parents sont capables de rester à la maison et qui ont le temps et le savoir-faire pour aider les enfants dans leurs travaux scolaires. Pour les parents qui travaillent, qui sont sans instruction – voire analphabètes – ou qui ne parlent pas couramment la langue utilisée à l’école de leurs enfants, l’enseignement à domicile est plus difficile. Ces enfants ont moins de chances d’obtenir l’aide dont ils ont besoin. C’est le cas surtout pour les jeunes apprenants qui dépendent davantage du support, du suivi et de la participation active d’un adulte auprès d’eux. Un rapport de la Brookings Institution a examiné cette question il y a plusieurs années et elle est plus pertinente que jamais aujourd’hui.

10. L’objectif global de l’éducation universelle semble plus éloigné que jamais.

 La crise de l’éducation va faire reculer les objectifs de développement durable (ODD) – un ensemble d’objectifs visant à réduire la pauvreté et la faim d’ici 2030. L’objectif spécifique en matière d’éducation, l’ODD 4, qui prévoit 12 ans d’éducation gratuite et d’apprentissage tout au long de la vie pour tous, sera difficile à atteindre dans les circonstances actuelles. Un effort concerté et un engagement mondial renouvelé en faveur de l’éducation seront essentiels pour surmonter ce revers. Le graphique ci-dessous, réalisé par l’lnstitut de statistique de l’UNESCO, montre les niveaux de lecture – un indicateur clé de l’ODD 4 – par région.

La COVID-19 a mis en évidence de nombreuses inégalités dans les pays riches comme dans les pays pauvres. Cependant, elle met également en lumière les domaines dans lesquels nous avons le plus besoin de changement. La COVID-19 montre qu’il est essentiel de donner à tous les apprenants l’accès à des ressources éducatives de qualité au-delà du cadre de la salle de classe. En plus, en l’absence d’enseignants formés, l’exposition à l’apprentissage autonome permettra aux jeunes de poursuivre leur éducation en attendant la fin de cette pandémie – et leur donnera les compétences nécessaires pour s’aider eux-mêmes.

Par-dessus tout, lorsque les budgets des gouvernements sont mis à rude épreuve par les nouvelles demandes formulées par la COVID-19, l’éducation n’est pas un domaine à réduire. C’est plutôt le contraire qui est vrai. Pour que la prochaine génération reste en bonne santé et puisse contribuer à la société dans toute la mesure du possible, nous devons continuer à investir dans l’éducation afin que tous les apprenants puissent en bénéficier.

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