Ce blog a également été publié (en anglais) sur le blog de l’ISU « Data for Sustainable Development » et sur le blog de Partenariat Mondial pour L’Éducation.
La Journée internationale de la femme, le 8 mars, est l’occasion d’une réflexion sur les succès obtenus par les femmes et les filles à travers le monde en faveur de l’égalité des sexes. Mais comme le suggère le thème de la journée, nous devons également considérer les défis à venir.
Les progrès réalisés n’impliquent pas en soi un meilleur avenir – nous devons nous garder de toute complaisance et continuer à faire pression pour le changement.
En termes d’éducation au niveau mondial, cela signifie que tous les enfants devraient être à l’école, devraient apprendre et développer les compétences dont ils ont besoin pour augmenter leurs revenus et contribuer au développement de leurs communautés.
Dans l’ensemble, plus d’enfants sont scolarisés qu’auparavant – notamment plus de filles – mais de nouvelles données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) révèlent également que le nombre d’enfants non scolarisés, âgé de 6 à 17 ans, a stagné à 263 millions. Cela signifie que le monde continue de perdre les contributions potentielles de millions d’enfants privés d’éducation en raison d’obstacles tels que la pauvreté et la discrimination sexuelle.
La maîtrise du contexte est cruciale pour la mise en œuvre de projets éducatifs
La Fondation 60 millions de filles, basée à Montréal, soutient des projets d’éducation dans les communautés ayant des besoins élevés dans les pays en développement. Comprendre la dynamique entre genre, éducation et pauvreté est essentiel pour notre travail. Les données aident à confirmer les constats et guident notre réflexion en orientant les fonds là où ils sont le plus nécessaires.
Par conséquent, nous avons concentré nos efforts sur les filles vivant dans les zones rurales ou les camps de réfugiés où l’enseignement traditionnel est soit inexistant, soit comporte des risques tels que la violence sexuelle ou sexiste, ou ne fournit pas aux enfants les compétences dont ils ont besoin pour se sortir de la pauvreté.
Les données se sont révélées extrêmement utiles pour contextualiser l’environnement scolaire des enfants autochtones dans la région de Bosawas au Nicaragua, par exemple, où nous avons financé un projet en 2015, et dans les zones rurales du Guatemala, où nous travaillons cette année.
Alors que les statistiques régionales montrent globalement des taux de scolarisation élevés, la situation spécifique de ces communautés révèle que les populations autochtones, en particulier les filles, ont échappé au radar et ont un accès à l’éducation beaucoup moindre que la population générale.
En tant que défenseurs de l’éducation, comprendre le contexte auquel les enfants sont confrontés dans leurs communautés est primordial pour comprendre quel type de projet répondra véritablement à leurs besoins. C’est également utile pour expliquer les besoins aux personnes qui nous soutiennent et à nos bailleurs de fonds. Publiés sur les réseaux sociaux et sur nos blogs, les outils de cartographie des données, tels que les eAtlas de l’UNESCO, sont utiles pour illustrer les besoins en termes de soutien et leur importance.
Les données nous indiquent que les filles restent désavantagées dans les pays à faible revenu
Globalement, le nombre de filles et de garçons non scolarisés a lentement convergé et, en 2016, on comptait 131,3 millions de garçons non scolarisés et 131,7 millions de filles non scolarisées dans tous les groupes d’âge. Cependant, les chiffres régionaux et nationaux désagrégés montrent des désavantages persistants pour les filles dans les pays à faible revenu.
L’indice ajusté de parité entre les sexes de l’ISU a diminué de manière constante au cours de la décennie jusqu’en 2011, mais a progressé au cours des quatre dernières années.
De plus, l’indice montre que les filles en âge de fréquenter le primaire sont les plus désavantagées en Asie centrale, en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, trois des régions les plus pauvres du monde.
Il est intéressant de constater, à l’exception des enfants en Afrique subsaharienne, qu’une fois à l’école, les filles ont tendance à mieux réussir que les garçons, ce qui rend particulièrement affligeant l’impact de la baisse des opportunités pour les filles au niveau de l’école primaire.
L’éducation de qualité a un impact majeur sur la pauvreté
Nous savons que l’éducation d’une fille a des conséquences importantes sur la réduction de la pauvreté dans le monde. Chaque année supplémentaire de scolarité peut augmenter de 20 % le potentiel de gains futurs d’une fille. Il existe aussi un fort impact intergénérationnel, car une femme éduquée est davantage susceptible d’envoyer ses propres enfants à l’école, aidant ainsi à rompre le piège de la pauvreté qui maintient tant de familles démunies d’une génération à l’autre.
Les recherches montrent que la qualité de l’éducation est l’élément crucial du développement des compétences et crée de meilleures opportunités pour la croissance des salaires des ménages. Pourtant, les données nous indiquent que même les enfants qui vont à l’école n’apprennent pas. Selon l’ISU, 617 millions d’enfants et adolescents (soit 6 sur 10) n’atteignent pas les niveaux de compétence minimum en lecture, écriture et en mathématiques.
Lorsque Wanda Bedard, présidente et fondatrice de 60 millions de filles a visité un projet financé dans la région de Koinadugu au nord de la Sierra Leone, son constat a confirmé les tendances observées dans les données au niveau mondial : la mauvaise qualité de l’éducation avait un impact négatif sur l’apprentissage.
Dans l’espoir d’établir des « correspondances », un groupe d’élèves montréalais particulièrement entreprenants a donné des lettres à Wanda pour qu’elle les transmette aux écoliers locaux. Malheureusement, les enfants des villages ruraux éloignés étaient à peine capables de lire les lettres ou d’élaborer des réponses cohérentes. Nous avons décidé de concevoir un, système d’apprentissage extrascolaire mobile pour les filles et les garçons, afin de combler cette lacune.
Il est plus que temps de se mobiliser en faveur de l’éducation des filles
En cette journée internationale de femme, rappelons-nous que, même s’il est à noter une réduction au niveau global des discriminations sexistes dans le domaine de l’éducation (autant de garçons que de filles étant désormais non scolarisés), les données montrent que dans les régions à faible revenu et les communautés pauvres, les filles continuent de faire face à des obstacles plus élevés que les garçons en matière d’éducation, et que beaucoup d’enfants qui vont à l’école n’y apprennent pas.
Mobilisons-nous et faisons de notre mieux, grâce à une meilleure utilisation des données, pour que tous les enfants – filles et garçons – aillent à l’école et y apprennent.