Projet d’éducation secondaire pour les filles autochtones de Bosawás au Nicaragua
Partenaire : Change for Children
Historique
La population du Nicaragua est de 6 millions d’habitants. Là-dessus, 35 % ont moins de 15 ans, et environ 25 % des plus de 10 ans sont illettrés – une statistique qui s’élève à plus de 51 % dans les zones rurales. Une formation déficiente des enseignants, des sous-investissements en éducation et des infrastructures en ruine font en sorte que 66 % des enfants en milieu rural qui entrent au primaire vont quitter l’école prématurément. La situation est exacerbée par de mauvaises conditions sanitaires, la malnutrition et le travail des enfants (ceux-ci devant contribuer au revenu familial).
Le territoire Miskito Indian Taibaika Kum est situé à Bosawás. Connu comme « le poumon de l’Amérique centrale », la Réserve de biosphère de Bosawás est la plus grande bande de forêt tropicale au nord du bassin de l’Amazone. Cette Réserve est une aire de grande importance pour la planète. Sa forêt tropicale ombrophile est le paradis de nombreuses espèces d’oiseaux, de plantes, d’animaux et d’insectes. Toutefois, une extrême pauvreté pousse certains non-indigènes à envahir ses frontières et bruler la forêt pour la culture et l’élevage, ce qui vient détériorer encore davantage la situation économique des autochtones.
Cette région est l’une des plus éloignées de la capitale du pays. À preuve, de Managua, deux jours de voyage sont nécessaires : un premier, en 4×4, pour arriver à Wiwili; de là, une deuxième journée, en bateau cette fois, permet de se rendre au village autochtone de San Andres situé à l’intersection des rivières Coco et Bocay. En dépit de cet éloignement et du cout élevé des opérations qui y correspondent, Change for Children est à l’œuvre dans la région depuis plus de quinze ans.
L’investissement de 100 000$ de la Fondation 60 millions de filles va permettre au projet intitulé « Éducation secondaire pour les filles autochtones de Bosawás » de voir le jour. Il s’agit de construire deux écoles secondaires situées dans les villages autochtones miskitos de Pankawas et d’Aniwas. Le projet va rendre possible un apport de main-d’œuvre, d’équipement et de transport pour la construction. Il va aussi préconiser la mise sur pied d’un programme d’études, assurer de la formation et développer une campagne promotionnelle en relation avec l’éducation des filles pour encourager celles-ci à s’inscrire à l’école secondaire. Ces deux villages de Pankawas et d’Aniwas n’ont en effet qu’une seule école primaire chacun, et le gouvernement nicaraguéen ne semble pas prioriser la région en terme d’infrastructures d’écoles secondaires.
La population visée par le projet est celle des enfants de 12 à 17 ans qui n’ont pas actuellement accès à une école secondaire dans leur village. Lorsque les deux écoles seront construites, 200 élèves fréquenteront chacune d’elles – à raison de deux cohortes par jour comprenant 4 classes de 25 élèves chacune. L’éducation sera bilingue, en espagnol et en langue miskito. Actuellement, les enfants ayant complété leur primaire ne poursuivent pas leurs études puisqu’il n’y a pas de ressources pour les envoyer à l’extérieur de la région ou dans la capitale, Managua. Cela s’applique encore plus aux filles, dans la mesure où leurs responsabilités dans la famille, jointes aux craintes concernant leur sécurité à l’extérieur du territoire autochtone, les gardent à la maison.
Le gouvernement territorial autochtone de Bosawás manque cruellement de ressources professionnelles. Ainsi, puisqu’il ne compte que huit autochtones possédant un diplôme universitaire, il a été forcé de recruter des consultants et des non-indigènes pour remplir les positions dans ses bureaux nouvellement établis. C’est pourquoi, dans un effort destiné à améliorer les opportunités d’emploi pour ses propres citoyens, il a mis la priorité sur l’éducation secondaire – dont celle des filles – comme facteur de développement économique. Améliorer l’éducation des filles en les encourageant à poursuivre leurs études secondaires et, éventuellement, universitaires, va en effet contribuer au développement économique de la région en permettant à une main-d’œuvre plus éduquée d’exercer ses talents.
Les membres de la communauté seront impliqués dans le projet. Ils vont fournir le terrain et la main-d’œuvre pour la construction des infrastructures (par exemple en tirant le sable de la rivière pour fabriquer le béton). Le gouvernement autochtone de Bosawás occidental, pour sa part, a accepté de traduire le matériel pédagogique en miskito. Sa contribution est aussi d’inclure dans son budget d’opération annuel l’entretien et les réparations des infrastructures.
Les objectifs du projet
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- Offrir une éducation secondaire locale et bilingue à 400 enfants (dont 52 % sont des filles) dans deux villages miskito autochtones de la Réserve de biosphère de Bosawás. Construire une école dans chacun des deux villages, là où les indicateurs de recrutement des filles sont élevés. Développer des programmes bilingues mettant l’accent sur l’importance de l’éducation des filles et veiller à éliminer la discrimination basée sur le sexe dans les classes.
- Diminuer la disparité entre les sexes dans le recrutement au secondaire et améliorer la persévérance scolaire. Assurer la formation de 25 instituteurs pour offrir le nouveau programme d’études. Enseigner celui-ci à 1 500 élèves (dont plus de la moitié seront des filles) dans les sept écoles secondaires de Change for Children à Bosawás, le tout sur une période de deux ans.
- Provoquer un changement d’attitudes et de comportements envers les filles dans le système d’éducation et dans les communautés. Mener une campagne de communication destinée à atteindre 10 000 personnes. Ceci inclut la production et la distribution d’affiches, des visites à domicile, des ateliers dans la communauté et des capsules radio mettant l’accent sur l’importance d’une éducation bilingue pour les filles en vue d’un emploi futur dans l’économie locale.
Pourquoi un partenariat avec Change for Children ?
Le projet s’inscrit dans un partenariat entre Change for Children (CFCA) et le programme du gouvernement autochtone favorisant l’éducation – en particulier celle des filles – à Bosawás occidental. La construction de deux écoles secondaires est nécessaire pour permettre l’éducation des filles dans cette région où n’existent que des infrastructures d’écoles primaires fournies par le gouvernement national.
Depuis sa fondation, il y presque 38 ans, CFCA a subventionné la construction d’écoles dans les communautés autochtones marginalisées d’Amérique centrale. Dans la dernière décennie, l’organisme a construit cinq écoles dans la région de Comitancillo au Guatemala et cinq autres dans la région de Bosawás au Nicaragua. Dans tous les cas, l’objectif est de faciliter une éducation locale et bilingue. En plus, la construction d’écoles est un moyen d’encourager l’éducation des filles, puisque celles-ci sont rarement en mesure de quitter leur famille pour fréquenter l’école dans d’autres villages ou d’autres villes. On a aussi développé des potagers autour de chacune des écoles subventionnées par CFCA, de façon à assurer une autonomie alimentaire, une diversification dans la diète et une nutrition améliorée.
Ce projet va être viable dans la communauté. En effet, le ministre nicaraguéen de l’Éducation et la municipalité de Wiwili vont ensemble fournir les fonds pour le salaire des enseignants. Le gouvernement autochtone de Bosawás occidental va pour sa part couvrir les frais d’entretien et de réparation (pour le béton, peinture annuelle et réparations; pour les fenêtres, réparations et entretien et, pour les pupitres, réparation et remplacement). Au cours des six dernières années, CFCA a construit avec succès dans la région cinq écoles (une primaire et quatre secondaires) qui continuent d’opérer par elles-mêmes, sans contributions additionnelles de Change for Children.