La chute de l’Afghanistan…
Rapide. Une déroute. La fin de la démocratie tentative des 20 dernières années – en moins de deux jours, ou presque.
Il y a quelques jours, j’ai lu une histoire d’une jeune Afghane médecin de 25 ans, qui travaillait dans son hôpital local. Alors que le Taliban approchait de plus en plus sa ville, elle a, à regret, acheté une burqa afin de se cacher et ainsi aller à l’hôpital travailler. Elle a dit se sentir diminuée et petite. Elle a ajouté que le port de la burqa était inconfortable et chaud; de plus, elle avait de la difficulté à voir à travers du couvre visage. Sous peu, elle ne pourra plus aller à l’hôpital pour pratiquer la médecine. Elle devra rester à la maison.
Ce qui m’a motivée à appuyer l’éducation des filles il y a environ 22 ans étaient justement ces femmes Afghanes, devant porter la burqa médiévale qui les rend invisibles dans leurs villages et leur pays.
En plus de la douleur profonde que je ressens face à l’éradication des droits humains et des droits des femmes en Afghanistan, je me sens fâchée et frustrée. Je veux crier à tous ceux qui en sont responsables : De quel droit pouvez-vous traiter vos citoyens ainsi!
Depuis plus de 20 ans, je lis, j’apprends, je regarde et je note comment l’éducation des filles transforme les sociétés – l’éducation qui n’impose pas les idées du monde occidental comme on le craint parfois, mais qui permet vraiment aux filles, aux femmes et aux communautés de faire leur part afin d’améliorer le monde; et ce, dans leur propre contexte.
Les avantages sont évidents. L’éducation des filles améliore grandement la santé, offre la paix et la stabilité aux pays, rehausse l’économie et notre capacité de limiter l’impact du changement climatique. Elle apporte de nouvelles idées et de nouvelles perspectives afin de nous permettre de trouver des solutions aux défis que nous affrontons.
Qu’est-ce que les gens ne comprennent pas? L’investissement envers l’éducation des filles – qui ne requiert qu’une minuscule partie des budgets de défense partout au monde – permettra aux communautés d’avoir l’occasion de progresser. Le monde tout entier en bénéficiera.
Je suis fâchée. Parfois, je me sens accablée par les mauvaises nouvelles que j’entends. Comment avons-nous pu retourner au point de départ en Afghanistan? Comment est-ce que la pandémie a pu occasionner un tel recul quant à l’éducation dans plusieurs pays.? Puis, un autre tremblement de terre à Haïti. Un président assassiné. Et, ajoutez à cela les feux destructeurs, les tempêtes et les inondations…
Nos efforts afin de rehausser l’éducation des filles en Afghanistan et dans d’autres pays ont-ils été en vain? Non… certainement pas!
L’éducation, tout comme nous avons noté la fragilité de la démocratie dans les pays exemplaires comme les ÉU, est un travail toujours en évolution. Si la qualité de l’éducation et la participation se sont accrues dans plusieurs pays comme l’Afghanistan au cours des dernières vingt années, nombre de filles, de garçons, de femmes et d’hommes ont acquis des compétences, des outils et de la confiance au cours de ces années afin d’affronter leur nouvelle réalité. Il est impossible d’effacer l’éducation. Il est possible de défendre aux jeunes d’aller à l’école pendant un certain temps. Cependant, éventuellement, plus les gens sont éduqués partout au monde, plus il sera difficile d’écraser leur désir d’apprendre et d’êtes autonomes.
L’Afghane médecin de 25 ans maintiendra toujours ses compétences et ses connaissances; et, ceci sera un atout pour tous ceux qui l’entourent. Qui sait ce que la vie lui apportera même si son monde est grandement réduit en ce moment? J’ai souvent vu des femmes courageusement défier le statu quo afin d’aider leurs familles – des femmes qui ont bravement, intuitivement et de façon créative réussi à protéger leur famille – quel qu’en soit le coût pour elles.
Je rédige ce texte dans le confort de mon jardin, entourée de superbes arbres mûrs, sous le soleil et une douce brise sur mon visage. Quel luxe : temps, espace, liberté. En réalité, je suis à plusieurs milles kilomètres; cependant, figurativement, des millions de kilomètres me séparent de la réalité de l’Afghanistan, d’Haïti et de combien d’autres pays.
La colère m’a motivée à investir une grande partie de ma vie à promouvoir l’éducation de qualité pour les filles dans les pays en voie de développement partout au monde. De mon doux jardin, je veux continuer d’imaginer et de créer de nouvelles façons d’appuyer ces filles avec notre incroyable équipe de 60 millions de filles et vous.
Je crois que la colère et l’indignation, provenant d’une grande bienveillance et d’une croyance profonde en la valeur incalculable de la vie de chaque enfant, continueront de motiver les efforts afin de rendre ce monde meilleur pour les prochaines générations.
Wanda Bedard
Présidente, 60 millions de filles