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2014 – Afghanistan

Un environnement d’apprentissage sécuritaire pour un projet d’éducation des filles

Partenaires : CARE Canada et CARE Afghanistan

Depuis quelques années, l’Afghanistan a fait d’immenses progrès en ce qui a trait au recrutement scolaire des filles. Néanmoins, maintenir celles-ci à l’école jusqu’à leur graduation du secondaire reste un défi important.

Une telle situation tient à des conditions de sécurité aléatoires et à un manque de facilités pour les filles, ce qui les empêche de poursuivre leurs études. S’ajoute à cela le fait que le retrait des troupes étrangères, dans un avenir rapproché, accentue encore davantage le besoin de continuer à mettre l’accent sur un environnement d’apprentissage sécuritaire pour les filles, de façon à ce qu’on ne les oublie pas.

Le projet proposé, intitulé « Un environnement d’apprentissage sécuritaire pour un projet d’éducation des filles », sera implanté. Il touchera directement 176 enfants du primaire et du secondaire de premier niveau (131 filles et 45 garçons), 500 élèves additionnels d’écoles-carrefours (hub schools) (300 filles et 200 garçons), ainsi que 20 enseignants et officiels de ces mêmes écoles.

Une école-carrefour est un lieu d’apprentissage en réseau avec la communauté immédiate et géré par elle, mais également en réseau avec le système formel d’éducation du pays. Ce type d’école constitue donc un carrefour reliant entre eux ces différents groupes. C’est pourquoi, au total, le nouveau projet va indirectement aider 3 650 personnes, incluant les familles des élèves, les résidents de la communauté ainsi que des travailleurs et des vendeurs locaux.

Globalement, le partenariat avec 60 millions de filles va permettre de consolider l’accessibilité à des espaces d’apprentissage sécuritaires de trois façons : 1) par la construction d’une école; 2) par l’encouragement d’une implication de la communauté dans une « éducation fondée sur la communauté »; 3) par l’amélioration de la qualité des écoles-carrefours au moyen de Plans d’amélioration scolaire (PAS).

Historique

Dans la constitution de l’Afghanistan, l’éducation est définie comme un droit pour tous les citoyens et le gouvernement se voit comme responsable de l’établissement des conditions de mise en place d’une politique dans ce domaine. Toutefois, en dépit des efforts du ministère de l’Éducation, le gouvernement ne dispose pas de ressources suffisantes pour faire face aux immenses besoins de ce secteur. Avec comme résultat qu’il y a, particulièrement dans les régions les plus éloignées et les plus marginalisées, un manque de programmes éducationnels mettant l’accent sur le lien avec la communauté et sur la nécessité d’opportunités égales entre filles et garçons pour une éducation de qualité.

Selon un rapport de l’Initiative des Nations-Unies pour l’éducation des filles, l’Afghanistan possède l’une des plus fortes proportions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire au monde puisque environ 20 % de la population a entre 7 et 12 ans. Fait notoire, le pays a accompli des progrès significatifs depuis la chute des Talibans : la fréquentation scolaire est en effet passée de moins d’un million d’enfants en 2001 à plus de 7,58 millions, avec un recrutement actuel de 38 % de filles. Néanmoins, il reste encore environ 4 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école, 60 % d’entre eux étant des filles. L’un des estimés du ministère de l’Éducation montre que seulement 45 % des filles fréquentant l’école complètent leur primaire (ce qui constitue 0,63 % de l’indice d’égalité des sexes, le pire taux au monde), alors qu’à peine 5 % complètent le secondaire.

Dans cette province éloignée qui partage sa frontière avec le Pakistan, le manque d’un environnement sécuritaire et de facilités pour une éducation de qualité décourage plusieurs filles de fréquenter l’école à plein temps et les oblige souvent à abandonner leurs études. Le taux global d’alphabétisation de cette région est de 28 % mais, alors que plus 44 % des hommes sont alphabétisés, seulement 7 % des femmes le sont. Pour les 15-24 ans, le taux d’alphabétisation des hommes grimpe à 52 %, alors que celui des femmes, lui, reste le même (7 %).

En moyenne, 38 % des enfants entre 6 et 13 ans fréquentent l’école, 61 % d’entre eux étant des garçons et 14 % des filles. En 2011-12, l’organisme central responsable des statistiques pour l’Afghanistan montrait que, au total, les garçons constituaient environ 86 % des élèves. De plus, seulement 3 % des 2 205 enseignants des écoles étaient des femmes.

CARE met actuellement en place le projet BEACON (Consortium pour une Éducation de base en Afghanistan), dans lequel des classes « basées sur la communauté » se tiennent dans des maisons privées ou dans des espaces communautaires, comme par exemple la mosquée. Il y a donc un urgent besoin de ressources permanentes et d’un environnement sécuritaire conduisant, surtout pour les filles, à une éducation de qualité, accessible et durable.

Le partenariat avec 60 millions de filles va permettre à CARE de travailler de concert avec le ministère de l’Éducation pour développer et mettre au point un système d’« écoles basées sur la communauté » (ÉBC) qui permettra et accroitra l’accessibilité à des facilités d’apprentissage permanentes pour plus de 600 élèves, surtout des filles. Il va créer des environnements sécuritaires, avec un appui fort et un solide engagement de la part des membres de la communauté. Il va permettre d’accroitre le taux de rétention scolaire et de s’attaquer aux obstacles qui empêchent les filles d’avoir accès à l’école. Pour cela, l’approche est double : d’une part, une partie « visible » consiste à bâtir des infrastructures; d’autre part, une partie « invisible » est celle de l’engagement de la communauté et de la collaboration avec le ministère de l’Éducation pour améliorer la situation présente de l’éducation.

Le principal objectif du projet consiste à s’assurer que les enfants des communautés ciblées de la province, en particulier les filles, aient un accès facile à un environnement sécuritaire et permanent d’apprentissage (soutien social et physique). Il sera atteint par la construction d’un espace d’apprentissage sécuritaire et par la promotion active de l’acceptabilité sociale de l’éducation des filles dans leur communauté, en invitant cette dernière à s’impliquer dans la planification et la mise en place de son propre projet éducatif, en collaboration avec le ministère de l’Éducation.

Objectifs du projet

    1. Promouvoir l’accès à des espaces sécuritaires d’apprentissage par la construction d’une école : CARE va travailler avec les résidents des villages et les officiels locaux du ministère de l’Éducation afin d’identifier le site le plus approprié pour la construction d’une école multi-classes qui servira au Programme d’apprentissage accéléré pour les élèves de niveau primaire et secondaire. Ce projet va répondre à un énorme besoin. En effet, l’une des principales demandes des élèves, des membres de la communauté, des enseignants et du personnel sur le terrain est la construction d’une école. L’édifice aura trois classes. Il sera entouré d’un mur, disposera d’un puits, de facilités sanitaires, de pupitres, de chaises et d’autres meubles, ainsi que d’un terrain de jeux et de sport.
    2. Encourager l’implication sociale dans une « éducation fondée sur la communauté » : CARE travaillera en étroite collaboration avec le Comité de gestion scolaire pour toutes les activités du projet, de façon à ce que la communauté prenne des décisions et s’implique dans la gestion du projet. Par exemple, les communautés vont aider à assurer la sécurité et la protection des édifices scolaires pendant et après leur construction. Une telle approche basée sur la communauté va favoriser l’acceptabilité sociale de l’éducation des filles à court et à long terme.
    3. Favoriser un système d’écoles-carrefours pour un enseignement de qualité au moyen d’un Plan d’amélioration scolaire (PAS) : Les écoles-carrefours sont des ÉBC qui sont également enregistrées formellement aux écoles gouvernementales. Chaque ÉBC est jumelée à une école gouvernementale. Ainsi, lorsque les élèves s’inscrivent en première année, ils sont inscrits simultanément à l’école gouvernementale la plus proche. Par la suite, ils vont passer à cette école formelle gouvernementale au moment où ils auront complété le programme de leur ÉBC, dans la mesure où la distance entre les deux ne dépasse pas trois kilomètres et que leurs parents acceptent qu’ils parcourent cette distance à pied. Par ce projet, CARE a l’intention de démarrer une PAS qui permettra aux écoles-carrefours d’analyser leur situation et de développer leurs propres plans d’amélioration (en utilisant les normes INEE comme orientations). L’amélioration scolaire est un processus continu qui a pour but que tous les élèves puissent performer à un haut niveau.

Pourquoi un partenariat avec CARE Canada?

CARE Canada opère à travers ses bureaux régionaux de CARE International en Afghanistan. CARE travaille dans ce pays depuis 1961. L’organisme y est reconnu comme un leader de l’éducation basée sur la communauté. En effet, dans le passé, CARE a œuvré avec les communautés locales pour promouvoir l’acceptabilité sociale et l’appui à l’éducation des filles par la mise en place d’ÉBC. Ce type d’écoles permet d’offrir un apprentissage accessible dans un environnement local. Il s’est révélé un excellent moyen d’éducation pour des milliers d’enfants isolés et marginalisés d’Afghanistan.

CARE opère le seul programme d’éducation secondaire de premier niveau non gouvernemental pour les filles dans le pays. L’organisme a également des programmes de formation d’enseignants pour un enseignement adapté à l’enfant ainsi que des services de bibliothèques pour compléter une éducation de qualité.

CARE Afghanistan a été l’un des rares organismes capable de fournir et d’appuyer des programmes de développement en Afghanistan durant les 40 dernières années, et ce en dépit de circonstances difficiles et d’un environnement plein de défis. Cela a été rendu possible par sa neutralité, sa connaissance profonde du pays, une acceptation très forte de l’organisme par les communautés ainsi que des procédures de sécurité ayant fait leurs preuves. L’investissement de 60 millions de filles pourra donc profiter de ces atouts organisationnels. Il va de plus appuyer les initiatives existantes d’éducation basée sur la communauté déjà mises en place et incluant une étroite collaboration à la fois des communautés et du ministère provincial de l’Éducation.

L’approche ÉBC de ce projet va mettre l’accent sur l’implication et la responsabilisation de la communauté, et va aider à mitiger les risques relatifs au manque d’acceptabilité sociale. CARE Afghanistan utilisera la méthode de son Programme pour les environnements insécures (PEI) pour implanter le projet. L’organisme est un leader dans cette approche. Ainsi par exemple, CARE Afghanistan’s Safe and Security Unit (SSU) a la responsabilité de continuellement évaluer le niveau de risque dans une partie du projet et, suite à cette analyse, de prendre les mesures de sécurité appropriées.

La structure de CARE Afghanistan permet déjà de maximiser l’utilisation des ressources locales. De plus, CARE a une politique d’égalité des sexes pour ses ressources humaines, en accord avec la législation nationale du travail, et nos partenaires sont tous favorables à l’égalité des sexes. Les équipes proposées pour le projet font partie du personnel national. Elles ont de l’expérience et une connaissance approfondie de la région, de la langue et de la culture des sites où sont situées nos interventions. En plus, CARE travaillant depuis plusieurs années en Afghanistan, l’organisme y possède un solide réseau d’experts qui peuvent, au besoin, faciliter le recrutement de ressources additionnelles.