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2012 – République démocratique du Congo

La construction d’un avenir meilleur pour les jeunes filles vulnérables de la République démocratique du Congo

Partenaire : War Child Canada

Dans un pays qui se relève de la guerre, les filles et les jeunes femmes ne peuvent devenir autonomes que si elles ont accès à des connaissances et des habiletés pouvant leur permettre d’améliorer leurs possibilités d’un avenir meilleur. Elles doivent aussi être en mesure de s’impliquer avec confiance dans les débats qui, dans leur communauté, sont susceptibles de les affecter, elles, tout en participant en même temps aux importantes décisions qui influencent leur vie. On sait maintenant qu’éduquer une jeune fille et lui apprendre des connaissances et des habiletés peuvent avoir des effets multiples sur sa communauté, sur la santé des mères et des enfants, et sur l’économie globale et la stabilité politique d’une société.

C’est pourquoi, en accord avec la mission de la Fondation 60 millions de filles qui est de favoriser l’accès à l’éducation des filles les plus marginalisées et défavorisées, ce projet, en partenariat avec War Child Canada (WCC), vise à accroître la scolarisation et le maintien à l’école des jeunes filles du District Fizi du Sud-Kivu, de la République démocratique du Congo (RDC).

Historique

Après des années de conflits qui ont laissé 5,4 millions de personnes mortes et forcé des millions d’autres à quitter leur foyer, la République démocratique du Congo cherche maintenant à vivre en paix. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), 80 % de la population de ce pays vit dans des conditions d’extrême pauvreté. En 2010, le PNUD a classé la RDC au 168e rang des 169 pays sur l’Index de développement humain. Le pays possède aussi une forte concentration de jeunes et d’ex-enfants soldats.

Comme conséquence de la guerre, 5,2 millions d’enfants n’ont toujours pas accès à l’école. Même dans le cas où ils peuvent fréquenter l’école, y rester est souvent problématique à cause de pressions économiques. Dans ce domaine de l’éducation, les filles sont encore plus défavorisées dans la mesure où elles doivent faire face à des obstacles supplémentaires : mariages précoces, corvées domestiques, pauvreté et priorité accordée aux garçons pour la scolarisation. L’inégalité des sexes apparaît lorsque l’on voit que seulement 46 % des filles complète le niveau primaire, comparativement à 67 % des garçons. Pour ce qui est du niveau secondaire, 29 % des filles le complète, vs 51 % des garçons. À long terme, cela signifie qu’une femme sur deux, dans ce pays, est analphabète. En plus, la RDC compte parmi les dix pays au monde où il y a le plus d’inégalités entre les sexes. On l’a d’ailleurs appelée «la pire place au monde pour être femme», notamment à cause de la violence faite aux femmes qui y sévit toujours.

Les objectifs du projet

La subvention de 100 000$ offerte par la Fondation 60 millions de filles sera gérée à partir des objectifs suivants :

    1. Éduquer les filles : du rattrapage tant pour les jeunes que pour les enseignants, et de la sensibilisation
      • Deux programmes pour les jeunes : Deux programmes ont été définis en vue d’offrir aux enfants et aux jeunes affectés par la guerre de rattraper des connaissances et des habiletés. En effet, des milliers d’enfants d’âge scolaire et de jeunes femmes présentent d’énormes lacunes dans leur scolarité. Parfois même, ils n’ont pas du tout fréquenté l’école pendant la guerre (il faut dire que, à ce moment, les écoles et les enseignants étaient des cibles de choix). Le premier programme, appelé «Rattrapage scolaire» (RS), offre un condensé du curriculum scolaire de base pour préparer les filles à reprendre le système d’éducation formel. L’autre, appelé «Alphabétisation et notions de base en calcul» (ANBC) donne aux jeunes femmes les connaissances et habiletés élémentaires leur permettant des opportunités de subsistance durable.
      • La formation des enseignants : Pour enseigner ces programmes, des enseignants accrédités par le ministère de l’Éducation sont identifiés et formés spécifiquement. II faut rappeler que, à cause du conflit, plusieurs enseignants n’ont pas exercé leur profession depuis plusieurs années. WCC offre donc des cours de rattrapage à ces enseignants, ce qui leur permet de pratiquer tant dans le système d’éducation formel que dans les programmes RS et ANBC. Un autre programme, appelé «Le Bon Enseignant», se spécialise, pour sa part, dans les méthodes adaptées spécifiquement aux enfants. Un manuel (créé par WCC) couvre des thèmes tels que la préparation de la classe, la motivation des élèves, etc. Il forme aussi aux techniques de pédagogie : par exemple, il montre la gestion d’une classe et les façons constructives de discipliner les enfants sans utiliser les punitions corporelles ou un langage abusif (sans compter, parfois, les assauts sexuels).
      • La mise sur pied de Comités d’éducation des jeunes : Pour accroître la participation aux programmes RS et ANBC, des Comités d’éducation des jeunes, composés de jeunes, d’enseignants et de parents, sont constitués pour ouvrir le dialogue avec les chefs locaux, les anciens et la communauté sur l’importance de l’éducation des filles et des jeunes femmes. Ce volet du programme est de la plus grande importance. Son fonctionnement est simple : des membres de la communauté se réunissent informellement pour parler de l’éducation et des droits des filles dans leur communauté. Ces discussions permettent un échange des connaissances et le partage des préoccupations. Cela devrait résulter en un environnement aidant pour les filles vulnérables et les jeunes femmes à l’intérieur de leur communauté. Le Comité d’éducation des jeunes choisit les personnes qui vont participer aux programmes, mais celles-ci peuvent aussi contacter directement le Comité ou WCC.
    2. Développer des habiletés de vie pour aider les jeunes femmes à se protéger dans leur communauté.
      • Le programme «Développement des habiletés de vie (life skills)» s’étend sur une période de trois mois et inclut des modules sur les droits et la protection des enfants, la gestion des conflits et la communication dans une optique de paix. Cela donne aux filles et aux jeunes femmes une connaissance d’elles-mêmes, de leurs droits, de leur rôle tant dans les conflits que dans la paix, et des moyens pour faire entendre leur voix. Le curriculum des habiletés de vie inclut des discussions participatives qui permettent d’apprendre et d’écouter les autres.
    3. Développer le leadership chez les jeunes femmes par des activités culturelles dans leur communauté.
      • Avec cet objectif, les filles et les jeunes femmes reçoivent une formation pour sensibiliser la communauté aux enjeux auxquels elles font face, principalement les inégalités entre les sexes et la violence faite aux femmes. Les jeunes identifient d’abord les problèmes et planifient les activités de sensibilisation appropriées à travers des événements culturels, artistiques ou médiatiques. Parmi les thèmes retenus, on note la sensibilisation aux droits des enfants, à la violence sexuelle, à l’importance de l’éducation des filles et aux problèmes liés aux mariages précoces. Ces jeunes agissent comme éducateurs pour leurs pairs et comme agents de sensibilisation pour leur communauté.

Pourquoi un partenariat avec War Child Canada?

La Fondation 60 millions de filles a décidé de subventionner le projet de WCC à cause de l’orientation communautaire que l’organisme a développée, laquelle considère l’éducation comme un moyen d’autonomiser et de protéger les filles et les jeunes femmes de façon à ce qu’elles deviennent des partenaires importants dans le développement de leur communauté et de leur pays.

Le programme proposé offre non seulement d’éduquer les filles et les jeunes femmes pour améliorer leurs possibilités d’avenir, là où il ne reste que peu d’écoles après la guerre, mais aussi leur fournit des connaissances et des habiletés qu’elles peuvent utiliser pour sensibiliser leur communauté aux enjeux qui les affectent, elles. Certains de ces enjeux incluent la fin de la violence faite aux femmes (un phénomène rampant au Sud-Kivu, où 40 femmes subissent, chaque jour, une forme de violence sexuelle), la sensibilisation à l’importance de l’éducation pour les filles et d’autres thèmes tels que les dangers des mariages précoces.

Les filles et les jeunes femmes sont ainsi engagées au-delà des cours formels de rattrapage scolaire ou d’alphabétisation et de développement de compétences en calcul. On leur offre un environnement sécuritaire où elles peuvent parler ouvertement des enjeux auxquels elles sont confrontées et partager leur expérience. Ensemble, elles planifient l’engagement de leur communauté ainsi que des événements qui vont aider à changer les attitudes, les pratiques culturelles inappropriées et, plus important, la discrimination à laquelle elles font face.

La Fondation 60 millions de filles apprécie chez WCC des coûts administratifs minimes, un intérêt dans le développement durable des communautés avec lesquelles l’organisme travaille, et un désir évident d’apprendre des ses projets passés en vue d’améliorer son aide aux enfants qui vivent dans des environnements faits de violence.