Augmenter le taux de réussite scolaire des filles dans les camps de réfugiés au Kenya
Partenaire : Entraide universitaire mondiale du Canada
Cette année, la Fondation 60 millions de filles a soutenu un projet éducatif dans les camps de réfugiés de Dadaab et de Kakuma, au Kenya. Dans ces camps vivent des milliers de femmes, d’hommes et d’enfants originaires de la Somalie, du Soudan, de l’Éthiopie, de l’Érythrée, de l’Ouganda, du Burundi et de la République démocratique du Congo, déplacés en raison des conflits et des guerres qui durent depuis des années.
Ce projet important est composé de deux volets essentiels. Le premier volet visera l’augmentation du taux de maintien à l’école des filles grâce à la réduction du pourcentage de décrochage et à l’amélioration de leur réussite scolaire. Plus spécifiquement, le projet permettra à 480 filles de suivre des cours de rattrapage de niveau primaire durant un an pour obtenir de meilleures moyennes. Pourquoi des cours de niveau primaire ? Parce qu’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), notre partenaire pour ce projet, s’est rendu compte que même s’il y a des écarts entre les sexes à tous les niveaux d’études, on observe l’écart le plus grand vers la fin du primaire, le rapport étant de 5 garçons pour 1 fille. Les cours seront donnés à l’heure du lunch car le EUMC a aussi constaté que les familles envoient plus volontiers leurs filles à l’école si un repas est inclus dans le programme. De plus, 5 filles recevront une bourse d’études secondaires.
Le deuxième volet du projet consistera à mobiliser les communautés pour les sensibiliser à l’importance de l’éducation des filles. Le projet permettra d’atteindre environ 1 000 parents et autres membres des communautés de plus, grâce à des actions concertées visant leur implication. De plus, deux femmes et deux hommes seront choisis parmi les réfugiés pour l’organisation de groupes de travail. Les membres de ces groupes se réuniront avant le début des cours pour discuter de l’importance pour les filles de s’instruire. Ils se réuniront également durant l’année pour discuter des problèmes à mesure qu’ils surgiront, et encourager les filles qui seraient tentées de décrocher à poursuivre leurs études. Cette mobilisation de la communauté est le complément du premier volet et elle assurera le succès à long terme du projet.
Pourquoi Kakuma et Dadaab?
Le camp de Kakuma abrite plus de 80 000 réfugiés. La majorité d’entre eux ont fui le conflit au Soudan et les autres viennent de pays voisins : Somalie, Éthiopie, Burundi, République démocratique du Congo, Érythrée et Ouganda. Ce camp est situé dans une région particulièrement inhospitalière, un vaste désert au nord du pays. Le camp de Dadaab (qui réunit trois camps) est également situé dans une région très aride et désertique, près de la frontière avec la Somalie. Il abrite plus de 160 000 réfugiés : la plupart sont originaires de la Somalie mais quelques-uns viennent du Soudan, de l’Ouganda et de la République démocratique du Congo. De nombreux réfugiés vivent dans ce camp depuis plus de dix ans et ne peuvent toujours pas rentrer chez eux car les conflits perdurent dans leur pays.
Dans ces deux camps, les conditions de vie sont très difficiles. Les réfugiés ont dû abandonner leur maison, leurs moyens d’existence et leurs traditions; ils pleurent la disparition de membres de leurs familles et d’amis qu’ils ont vu mourir durant les conflits qui les ont forcés à fuir. Les deux camps sont situés dans des régions où les risques de sécheresse et d’inondation sont grands. Il y a pénurie de nourriture et les possibilités d’activités génératrices de revenus sont des plus faibles Il est possible pour les enfants d’aller à l’école mais un grand nombre d’entre eux ne sont pas scolarisés, en particulier les filles. De nombreuses familles ne voient pas l’importance de faire instruire les filles; elles croient plus profitable, au plan économique, que les filles se consacrent aux tâches domestiques. De plus, les filles sont souvent forcées de se marier à un âge précoce. Les familles considèrent donc qu’il ne sert à rien d’investir dans l’éducation des filles puisqu’elles quitteront la maison toutes jeunes. Même si elles ont la possibilité d’aller à l’école, à cause des mariages précoces, les filles abandonnent leurs études avant la fin du cours primaire ou au début du cours secondaire pour fonder leur famille.
Les filles qui vivent dans ces camps sont parmi les plus marginalisées et les plus vulnérables du monde. Un programme qui vise l’amélioration du taux de maintien des filles à l’école et leur réussite scolaire et qui multiplie les efforts pour mobiliser la communauté afin qu’elle appuie la scolarisation des filles peut avoir un impact énorme. Non seulement 485 filles bénéficieront directement du programme, mais avec le temps, les autres filles des camps bénéficieront à leur tour de la présence d’un nombre accru de filles qui vont à l’école et réussissent leurs études.
Pourquoi un partenariat avec Entraide universitaire mondiale du Canada?
La Fondation 60 millions de filles a choisi de travailler, cette année, en partenariat avec EUMC pour de nombreuses raisons. Premièrement, EUMC est une agence qui encourage la tolérance et le développement à travers le monde par l’entremise de l’éducation et de la formation. Deuxièmement, elle a une expérience de travail considérable dans les camps de réfugiés. Depuis 1978, EUMC travaille dans les camps de réfugiés, attribuant des bourses d’études postsecondaires aux élèves qui ont fui les zones de conflits. En 2008, EUMC accueillera au Canada le 1 000e étudiant réfugié. En fait, c’est en exécutant son Programme d’étudiants réfugiés que l’agence a pris conscience des obstacles socioculturels particuliers qui empêchaient les filles de fréquenter l’école et d’y rester. Aux camps de Dadaab et de Kakuma, l’agence était continuellement confrontée à l’écart insurmontable entre les garçons et les filles, au plan scolaire : même en assouplissant les critères pour faciliter la participation des candidates à son programme, très peu de filles remplissaient les conditions requises. Leurs recherches ont permis de voir que, dans les camps, le taux de décrochage des filles était nettement plus élevé que celui des garçons; les filles accusaient également un retard sur les garçons en ce qui avait trait à la fréquentation scolaire, au rendement et au taux d’obtention des diplômes. L’agence a donc développé le projet éducatif en cours pour combattre ces inégalités.
Enfin, en plus de travailler à offrir à des jeunes réfugiés la possibilité de faire des études postsecondaires, EUMC se sert de sa vaste expérience dans l’implantation de projets éducatifs et de formation pour les filles et les femmes dans le monde en développement. L’agence le sait depuis longtemps : pour que les filles puissent s’instruire, il faut mobiliser les membres des communautés en faveur de l’éducation des filles et les amener à en comprendre les immenses bénéfices. La mobilisation et l’engagement des communautés et des parents sont essentiels : ils contribuent à renforcer considérablement la viabilité des projets et à en assurer la réussite à long terme.